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    "Ecrire pour exister" : rencontre avec Hilary Swank... et son modèle

    Dans "Ecrire pour exister", Hilary Swank se glisse dans la peau de Erin Gruwell, jeune professeur qui initia des élèves difficiles à l'écriture pour signer avec eux le livre "The Freedom Writers Diary : How a group of Extraordinary Teens Used Writing to Change Themselves and the World Around Them". Rencontre avec deux femmes d'exception...

    AlloCiné : Comment transpose t-on sa propre histoire et ses propres émotions dans un film ? Et quelle a été votre implication sur ce projet ?

    Erin Gruwell : La plupart du temps, les scénarios adaptés de romans perdent l'essence de l'oeuvre originale. Et en tant qu'enseignante, les livres sont si importants pour moi... J'ai donc réalisé que pour raconter correctement notre histoire et adapter notre livre, il fallait dénicher le bon scénariste. Et nous avons eu beaucoup de chance de rencontrer Richard LaGravenese. Nous avons parlé avec lui de la façon dont les films peuvent influer sur votre vie, et de ces moments où vous voulez que l'histoire continue alors que vous quittez le cinéma. Il a non seulement écrit le film, mais il l'a également réalisé, ce qui lui a permis de garder un contrôle sur le projet et de s'attacher vraiment à cette histoire. Ca a également permis de solidifier notre amitié. Et quand il m'a demandée qui j'imaginais dans mon rôle, j'ai tout de suite pensé à Hilary Swank. Tout au long de la production, nous avons été très proches, et il revenait constamment à la source, c'est à dire moi, mes élèves, leurs livres, leurs mots, leur ville. Tout cela a permis de donner à cette histoire l'intégrité dont elle avait besoin.

    Quels conseils avez-vous donné à Hilary Swank dans son interprétation de... vous-même ?

    Nous avons beaucoup de points communs elle et moi. C'est une battante, et quelqu'un de vraiment passionnée. Elle s'est battue pour ce rôle. Le studio a rencontré de nombreuses autres actrices, mais elle s'est battue pour le décrocher. Elle était déterminée à donner un coup de projecteur sur cette histoire. Toute personne qui se serait autant battue aurait eu mon soutien... Hilary est vraiment humble et si gentille. Je voulais également quelqu'un de vrai, quelqu'un qui ne soit pas englué dans cette "façade" hollywoodienne. Parce que cette histoire est réelle et universelle, et qu'elle traite du triomphe de l'esprit humain. Je voulais quelqu'un capable de restituer l'universalité de cette histoire, de faire un film non pas sur son personnage mais sur tous ces enseignants à travers le monde qui ont besoin qu'on leur donne de l'espoir et qu'on montre la réalité de leur combat au quotidien. Hilary a réussi à faire ça de très belle façon...

    Les enseignants sont constamment rabaissés, ils sont sous-payés et n'ont finalement que peu de reconnaissance. Que faut-il faire pour améliorer cette situation selon vous ?

    C'est une bonne question. Globalement, j'espère que les gens comprendront que l'éducation est la chose la plus égalitaire à travers le monde. Il faut prendre conscience de l'importance d'un enseignant sur la vie d'un enfant. Un enseignant ne doit pas forcément se tenir devant un tableau noir : un enseignant, ça peut-être un survivant de l'Holocauste qui vient dans ma classe parler des atrocités qui ont touché 12 millions de personnes. Et à ce moment là, il devient un éducateur en quelque sorte. C'est la même chose pour l'auteur d'un roman marquant. Nous devons réhabiliter la fonction de l'enseignant et mieux les rémunérer pour leur travail. Quand on voit les salaires de certains sportifs, de certains politiciens ou de certains acteurs, sans dénigrer leur travail, je crois pouvoir dire que le métier le plus difficile est celui d'enseignant. Et parmi les enseignants, les postes les plus difficiles sont ceux au sein d'établissements sans moyens, où règnent des tensions raciales : tous les jours, ces profs mettent leur vie en danger. J'espère que ce film saura toucher les spectateurs d'une manière aussi universelle que La Liste de Schindler a pu le faire pour moi en tant qu'enseignante. Cela ramène le problème de l'intolérance au premier plan. Et plus que l'intolérance à l'idée d'acceptation quand nous, enseignants, pouvons apprendre à ces enfants à voir au-delà de la couleur de la peau, des religions, de l'argent, et leur apprendre à vivre dans une vraie harmonie. C'est le plus beau cadeau qu'un enseignant puisse faire à la société je crois.

    En savoir plus sur Erin Gruwell : www.freedomwritersfoundation.org

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles le 8 janvier 2007

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