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    La revalorisation, la seconde victoire des "Indigènes"

    L'équipe du film "Indigènes" touche au but. La revalorisation des pensions militaires d'invalidité et des retraites des tirailleurs de la Seconde Guerre mondiale vient d'être officialisée ce matin à la sortie du Conseil des ministres.

    Il a suffi d'un film... Le combat des tirailleurs, ces anciens combattants venus d'Afrique, volontaires pour libérer la "Mère patrie" du joug de l'oppresseur allemand durant la Seconde Guerre mondiale, a connu une avancée décisive ces derniers jours. Ecartés des livres d'histoire, oubliés dans des foyers Sonacotra, ces anciens combattants ont, pendant un demi-siècle, espéré une revalorisation de leur pension militaire d'invalidité et de leur retraite. Tous désiraient l'abolition des discriminations pécuniaires entre eux et les soldats français de l'époque. Plusieurs fois annoncée, cette réforme est cette fois-ci sur les rails depuis l'annonce officielle aujourd'hui, par le Ministre délégué aux anciens combattants Hamlaoui Mekachera. Les combattants originaires des ex-colonies françaises et les "nationaux français" percevront, désormais, la même "retraite" et la même "pension militaire d'invalidité", a déclaré le Ministre ce matin, à la sortie du Conseil des ministres.

    La petite histoire rejoint la grande

    Au départ, il y a un film, Indigènes... Ambitieux, difficile à monter, porté par l'enthousiasme et la motivation d'un groupe d'artistes en mission, voulant rendre hommage à toute une génération d'hommes venus libérés un pays qu'ils ne connaissaient même pas. Indigènes raconte le parcours de quatre hommes engagés pour "changer le destin de la France", comme le déclare Sami Bouajila dans le film. Lui, Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Bernard Blancan et Rachid Bouchareb, le réalisateur, espéraient "ouvrir un chapitre oublié de l'histoire de France", selon ce dernier. Le pari est enfin en passe d'être gagné. Le Président de la République, Jacques Chirac, ému lors de la projection privée du 5 septembre et pressé par la pétition envoyée et signée par les acteurs du film, avait promis la revalorisation des pensions aujourd'hui effective.

    Un combat vieux d'un demi-siècle

    Cette annonce met fin à une lutte débutée à l'époque de la décolonisation. Le 26 décembre 1959, alors que la France se désengage de ses colonies du Maghreb, une loi gèle le montant des pensions des ressortissants des anciennes colonies ayant servi dans l'administration ou l'armée française. Le débat rebondit en 2001 avec un arrêt du Conseil d'Etat qui donne raison à Amadou Diop (un ancien tirailleur) à titre posthume afin que l'Etat français lui verse la totalité de sa retraite. Depuis cette annonce, les gouvernements successifs s'étaient engagés à verser une revalorisation aux 80 000 anciens combattants de l'ex-Empire colonial français. Le montant total de la somme qui leurs est due est de 1,85 milliards d'euros. La décision de la revalorisation, même si elle ne prend pas en compte, "pour l'instant", selon Hamlaoui Mekachera, le versement des pensions gelé depuis 1959, concrétise les espoirs des quelques 80 000 tirailleurs bénéficiaires de cette mesure. Il aura fallu attendre un demi-siècle et... un film.

    Benoît Jourdain avec AFP

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