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    Claude Chabrol devant les tribunaux

    Eva Joly, la juge de l'affaire Elf, attaque Claude Chabrol pour violation de vie privée, estimant que son film "L'ivresse du pouvoir" contient des élements liés à sa vie personnelle.

    Quand la justice tisse des liens avec le cinéma ... Après l'affaire Desplechin / Denicourt (voir notre article), dans laquelle Marianne accusait Arnaud d'avoir violé sa vie privée en l'offrant à la France entière dans son Rois et reine, les tribunaux reçoivent la supplique d'Eva Joly, juge chargée de l'affaire Elf. Elle accuse le cinéaste Claude Chabrol d'avoir utilisé certains détails de sa vie privée dans L'Ivresse du pouvoir et réclame par voie de justice une copie du film, pour pouvoir "étudier d'éventuelles poursuites civiles". Bien que sa première requête ait été refusée, la plaigante réitére sa demande dans une audience fixée au 7 avril prochain.

    Malaise et lettre ouverte

    Après avoir assisté à une projection de L' Ivresse du pouvoir, en salles depuis le 22 février 2006, Eva Joly se dit prise d'un "sentiment de malaise" dans une tribune publiée dans Le Monde le 17 mars dernier. Elle ne remet pas en cause l'exploitation de l'affaire Elf sur grand écran ("un créateur est libre de s'inspirer des morceaux choisis de l'actualité") mais se dit choquée de découvrir dans le film certains aspects personnels de sa vie. Isabelle Huppert, qui incarne une juge d'instruction dans laquelle beaucoup ont reconnu Eva Joly, doit faire face à la tentative de suicide de son mari -un drame que la juge de l'affaire Elf a elle-même vécu. La magistrate choisit d'exprimer ses sentiments dans une lettre ouverte publiée dans le Monde du vendredi 17 mars : "Claude Chabrol a choisi de violer l'intimité de ma vie privée. Il n'a cessé lors des interviews pour la promotion du film d'ajouter des détails sordides et erronés sur ma vie personnelle, dont il ne sait rien, et sans aucun rapport avec l'instruction".

    Comment transformer une affaire d'Etat en affaire de moeurs

    "En mettant en scène le couple Joly, Claude Chabrol a pris le parti de lier la mort du mari d'Eva Joly à l'affaire Elf, ce qui est inacceptable", confie un magistrat de l'entourage de la juge. Celle-ci s'insurge quant au fait que le réalisateur avait dans les mains un scandale politique, et qu'il en a fait une simple comédie. "L'affaire Elf, ce n'était donc que ça ! Un petit théâtre de moeurs, qui conforte chacun dans l'immobilisme". Quelle que soit l'issue de l'audience du 7 avril pour Eva Joly, Chabrol, lui, n'a pas à s'inquiéter pour son Ivresse du pouvoir. Le film a déjà dépassé le million d'entrées dans l'hexagone et a d'ores et déjà été vendu dans plus de 20 autres pays.

    Anna Broujean avec Le Parisien

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