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    "Rent" : rencontre avec Chris Columbus

    Echappé de la saga "Harry Potter", Chris Columbus fait avec "Rent" une entrée remarquée dans le monde de la comédie musicale. Rencontre...

    AlloCiné : "Rent" est dédié à Jonathan Larson, le créateur du spectacle original...

    Chris Columbus : Effectivement. Cela a été une décision difficile de choisir où placer cet hommage : nous l'avons placé à la fin du générique, mais au départ il apparraissait dès le début du film, et je trouvais que quelque chose ne fonctionnait pas. Nous avons également essayé de le placer dès le fin du film, après le gros plan sur Angel (Wilson Jermaine Heredia), mais c'était un peu cheap et ça éloignait les gens du propos, alors qu'ils doivent être proches de Angel à ce moment du récit. Et dès que l'hommage apparaissait, cela nous sortait de ce moment. Mais au final, oui, Rent est dédié à Jonathan Larson.

    C'était important pour vous de préserver sa vision de l'histoire ?

    J'ai appris une chose essentielle en travaillant sur la saga Harry Potter. Je ne compte plus les lettres d'enfants me demandant de faire des films plus longs, et celles des parents me demandant de faire des films plus courts. Donc quand nous avons commencé à travailler sur Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, je me suis rendu compte qu'il fallait penser au film avant de penser à l'attente que les gens en avaient et au fait d'être ou non fidèle à l'oeuvre originale. J'ai abordé Rent avec le même état d'esprit, l'envie d'utiliser ce qui marche pour le film. Nous avons donc dû couper près de trente minutes de chansons, car elles ne collaient pas à l'histoire cinématographiquement parlant. Et puis elles étaient trop émouvantes quelque part. Il y a une chanson intitulée Goodbye Love qui se passe normalement après l'enterrement. Elle dure près de 5 minutes. Nous l'avons enregistrée et nous avons tourné la scène. Mais quand j'ai vu le film, cette séquence m'a ravagé émotionnellement. Une fois que nous l'avons retirée, il y avait plus de place pour respirer.

    C'était important également de tourner à New York même ?

    Nous avons tourné autant que possible à Manhattan. Le problème avec Manhattan, c'est que vous ne pouvez pas y tourner de vidéos musicales après 22h00. C'était donc difficile de trouver des lieux où tourner nos playbacks après 22h00... Nous avons aussi dû beaucoup nous balader à travers la ville, car ce film est un peu comme un film historique, un western, car il nous fallait retrouver le Manhattan des années 80 dans une ville où tout est identique, où vous trouvez un StarBucks Coffee à chaque coin de rue. Même le slogan du film, "Je suis un New-Yorkais. La Peur c'est mon quotidien" ("I'm a New Yorker. Fear is my life."), posait problème car New York commence un peu à ressembler à Disneyland. C'est presque un havre de paix. Donc au final, c'était diffile de trouver nos décors à New York, mais nous avons filmé la Grosse Pomme autant que possible. Nous avons également tourné à Oakland, et quelques extérieurs à San Francisco. Enfin, nous avons dû recontsruire intégralement le quartier à Los Angeles, car c'était impossible de trouver de tels décors à New York.

    A l'écran, on retrouve la plupart des comédiens de la pièce originale...

    Ce n'est pas pour rabaisser les acteurs de cinéma d'aujourd'hui, mais ces gars-là son tout simplement exceptionnels. Quand vous allez au cinéma, vous voyez à l'écran des comédiens capables simplement de jouer, que ce soit dans des films d'action ou des comédies. Mais ces aceturs savent jouer, chanter, danser, avec un talent incroyable. C'était donc un vrai plus de les avoir sur le film. Par ailelurs, la mort tragique de Jonathan Larson la veille de la générale de la pièce a créé un vrai lien, une vraie unité chez cette troupe. Je n'avais jamais vu ça. Durant 16 mois, ils ont joué la pièce en mémoire de Jonathan. Donc quand vous tournez Rent avec ces acteurs, vous créez quelque chose de très fort. J'ai vu la pièce à l'époque avec les huit comédiens originaux, et quand j'ai commencé le casting de Rent il y a de cela un an et demi, je me suis rendu compte que ce lein ne s'était pas effacé. Ils portent ça en eux. Parfois, en tant que réalisateur, vous engagez deux acteurs qui ne se connaissent pas et vous leur dites "Et si vous alliez jouer au bowling ou dîner ensemble ?", en espérant créer une alchimie entre eux. Alors que ces gars-là avaient ça. Et je voulais essayer de restituer à l'écran ce que j'avais vu il y a 9 ans sur scène.

    Comment avez-vous choisi Rosario Dawson, nouvelle venue dans l'univers de "Rent" ?

    Daphné, la Mimi originale, était enceinte au moment du tournage. Elle ne pouvait pas faire le film. Quant à Freddie Walker, qui incarnait Joanne sur scène, elle était trop âgée. Elle l'a dit elle-même au New York Times, donc je peux me permettre de le dire. Et puis Rosario Dawson est arrivée. Elle est arrivée et elle a chanté -je ne pensais d'ailleurs pas qu'elle savait danser ou chanter-. Elle est entrée dans la pièce où nous avions organisé le casting, et elle a chanté Without You et Without You. Le producteur Michael Barnathan et moi-même lui avons couru après en lui disant immédiatement qu'elle avait le rôle. Ce qu'elle a, je n'avais jamais vu ça chez quelqu'un. C'était assez incroyable.

    Votre film montre le World Trade Center, ce qui était devenu plutôt rare dans les films américains depuis le 11 septembre...

    Vous savez, le film se déroule en 1989, donc cela me semblait important que le World Trade Center apparraisse, en terme d'époque et de lieu. Ca ne m'a pas tellement posé de problèmes pour être honnête : j'avais le sentiment que New York devait être montré comme l'époque.

    Vous en vous étiez jamais frotté à la comédie musicale. Comment avez-vous abordé ce nouveau genre ?

    Et bien, en faisant mes devoirs pour ainsi dire. J'ai regardé toutes les comédies musicales possibles et inimaginables. Je me suis arrêté à Staying Alive et Can't Stop the Music, mais jusque-là j'ai regardé tout ce que je pouvais. Et j'ai découvert celles qui me parlaient vraiment dans le cadre de Rent, à savoir Chantons sous la pluie et West Side story parce qu'elles laissaient les acteurs exister. Vous pouviez les voir danser. C'était important pour moi, notamment à cause de l'énergie et du travail que les acteurs mettent dans ces rôles et ces chorégraphies. Vous savez, ils ont bossé durant des mois avant même de mettre les pieds sur le plateau. Ca valait le coup de voir ça à l'écran, sans montage. Nous avons trop vu ça sur MTV.

    Pensez-vous que "Rent" puisse choquer les gens ?

    En tant que réalisateur, vous ne pouvez pas vous permettre de dire aux gens "Vous devez voir mon film !", car ça peut paraître prétentieux. Mais je pense que beaucoup de gens devraient voir Rent, car c'est un film qui traite de nombreux problèmes. Quant le spectacle a été joué pour la première fois en 1996, alors qu'il avait été écrit en 1989, nous avons réalisé à quel point notre pays était revenu en arrière, et aujourd'hui encore nous sommes dans une situation où la différence est de moins en moins acceptée, et où la tolérance disparaît. J'espère que si les gens voient ce film, il seront un peu plus tolérants. Je crois sincèrement que les gens ont besoin de voir un tel film. je ne sais pas comment je peux les convaincre, mais je n'arrive pas à me focaliser sur quelque chose d'autre actuellement, car j'ai l'impression qu'il est de mon devoir de es convaincre. Je fais presque du porte-à-porte avec ce film pour être sûr que les gens iront le voir. Je crois beaucoup en Rent.

    Est-ce que les mentalités ont changé vis à vis du SIDA depuis 1989. Les gens semblent parfois oublier l'importance du problème...

    C'est surtout dû au fait que les Etats-Unis se coupent de plus en plus du reste du monde. Aujourd'hui, nous somems un peu plus isolés et un peu plus égoïstes. Alors que le SIDA est une épidémie globale, et que c'est l'un des plus gros problèmes auxquels nous ayons été confrontés. J'espère donc que les gens réalisentq eu c'est un problème majeur. Les acteurs de Rent en parleront, et par ailleurs, des gens comme Magic Johnson posent sur des affiches où l'on peut lire "Même si j'ai l'air en bonne santé, je suis toujours HIV positif". C'est important que les gens réalisent que c'est toujours une maladie. Nous ne l'avons pas soignée, seulement un peu ralentie.

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à New York

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