"Si vous la voulez, il faudra me passer sur le corps !" C'est sur cette phrase toute symbolique et arme à la main que Charlton Heston a abandonné ce week-end la présidence de la National Rifle Association, le principal lobby de défense du port d'armes aux Etats-Unis qui compte près de quatre millions de d'adhérents. Agé de 78 ans, l'acteur américain laisse ainsi un siège qu'il occupe depuis 1998.
Une Winchester en cadeau d'adieu
Très ému, il a fait ses adieux lors de la convention annuelle de la NRA, organisée à Orlando en Floride, brandissant à bout de bras un fusil Winchester datant de 1866 (son cadeau d'adieu) sous des applaudissements nourris. Atteint de la maladie d'Alzheimer, le comédien n'a toutefois pas invoqué son état de santé pour justifier son départ. Kayne Robinson, un ancien policier qui avait affiché son soutien à la candidature de George W. Bush en 2000, doit lui succéder à la présidence de la NRA.
http://www.allocine.fr/evenement/afcae/bowlingforcolumbine/ Une présidence émaillée de luttes acharnées...
"Nous savons que vous devez partir, mais vous êtes le meilleur", a déclaré Wayne La Pierre, l'un des organisateurs de la manifestation, rappelant ainsi le rôle important joué par Charlton Heston depuis maintenant cinq ans dans la défense du Second amendement de la Constitution et du droit des Américains à posséder et porter des armes à feu pour garantir la sécurité d'un Etat libre. Une présidence notamment marquée par de violentes prises de position contre les tentatives de restriction du droit du port d'armes pronées par l'administration Clinton jusqu'en 2000, mais également par la décision très controversée de Charlton Heston de maintenir la convention annuelle de la NRA à Denver en 1999, non loin de la ville Littleton où avait eu lieu le massacre du lycée de Columbine deux semaines plus tôt.
...et de l'épisode Michael Moore
Fervent conservateur, défenseur des droits civiques dans les années soixante (il a participé à la marche sur Washington organisée par Martin Luther King en 1963), Charlton Heston s'était dernièrement illustré "malgré lui" dans le sulfureux Bowling for Columbine, violent réquisitoire contre les armes à feu et Oscar du Meilleur documentaire cette année, dans lequel Michael Moore parvenait à le malmener grâce à des questions précises et perspicaces autour du problèmes des armes aux Etats-Unis avant de se voir éconduire par son hôte visiblement troublé de s'être ainsi fait "prendre au piège"...
Yoann Sardet avec AFP