5 ans après la sortie à succès de Jusqu'à la garde, Xavier Legrand est de retour avec Le Successeur ! Souvenez-vous, Jusqu'à la garde avait été un succès surprise, enchainant les récompenses, du Lion d'argent à Venise aux César 2019 (5 statuettes dont celle du Meilleur film), en passant par des récompenses au Festival de Saint Jean de Luz. Le film avait attiré plus de 400 000 spectateurs.
Il a dévoilé ce mercredi Le Successeur, un film avec lequel le cinéaste veut assurément surprendre et bousculer, comme il nous l'a expliqué en interview.
Nous vous invitons à écouter notre entretien avec Xavier Legrand, réalisateur et scénariste.
Bousculer le spectateur, oui, et ce jusqu'au dernier plan du film.
Attention cet article contient des spoilers ! Conseil : A lire après avoir vu le film.
Nous avons demandé à Xavier Legrand de revenir sur la scène finale du film. Voici ses explications, pour AlloCiné :
"Je veux parler d'une disparition, d'une disparition qui n'est pas choisie. Dans disparition, il y a toutes les disparitions possibles. Il y a une disparition des médias, alors que le dernier plan est une couverture de magazine. Et il y a une disparition physique... peut être !"
Il poursuit : "Il y a cet iPad qui montre la validation de la couverture du magazine, le Harper's Bazar, qui a été choisie par l'équipe de communication de la maison de couture. Il est question dans le film de trouver le titre de cette couverture. Il y a des discussions. Il est pas mal, mais il faut en trouver un autre. Finalement, ce qui est une sorte de dernier couperet, c'est que le titre a une grande ambiguïté et ce n'est que le patronyme qui reste : Barnes. Alors qu'il s'est fait appeler Ellias Barnes et que sa vraie identité est Sébastien. C'est à dire que ce qui restera, ça ne sera que le nom de son père.
Ça raconte que ce lien de sang est un lien irrésiliable, qu'il y a une histoire derrière qu'on ne pourra jamais effacer. Et c'est malheureusement ce que voulait faire Elias : effacer quelque chose qu'on ne peut pas effacer. Cette disparition, il ne l'a pas choisie. Il est obligé de disparaitre."
On entend au son qu'il se passe quelque chose !
"Après il y a différentes interprétations possibles. Il y a cet iPad qui s'éteint. Du coup, la photo disparait. On a identifié que le personnage est dans sa chambre d'hôtel, qu'on a vu plus tôt dans le film, et il retourne sur cette terrasse-balcon, pour prendre l'air, pour fumer une clope, ou faire autre chose... Chacun aura son interprétation, mais en tout cas, il n'est pas dans l'écran. Il sort de l'écran... On entend au son qu'il se passe quelque chose !"
Et d'ajouter : "Je crois qu'au son, il n'y a aucune ambiguïté. Et c'est une tragédie ! La définition de la tragédie, c'est que ça se finit en pire catastrophe. Dans toutes les tragédies, le personnage meurt ! Mais cette disparition peut aussi être symbolique. Ce qui reste et ce qui s'efface."
Pour l'anecdote, une autre fin plus démonstrative avait été envisagée. Une fin plus ambiguë a finalement été retenue. A noter que cette fin diverge de celle du roman que Le Successeur adapte. Le film est une adaptation de L'Ascendant d'Alexandre Postel.
Le Successeur est actuellement au cinéma.
