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    Ce soir sur Netflix : de la sueur et du sang avec un Daniel Day Lewis monstrueux
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Âpre et cruel, porté à bout de bras par un extraordinaire Daniel Day Lewis qui sera justement oscarisé pour sa composition en magnat du pétrole dévoré par l'ambition et violent, "There Will be Blood" est un des plus grands films des années 2000.

    Lorsque Daniel Plainview entend parler d'une petite ville de Californie où l'on dit qu'un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d'aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l'unique distraction est l'église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, Plainview et son fils voient le sort leur sourire.

    Même si le pétrole comble leurs attentes et fait leur fortune, plus rien ne sera comme avant : les tensions s'intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines comme l'amour, l'espoir, le sens de la communauté, les croyances, l'ambition et même les liens entre père et fils sont mis en péril par la corruption, la trahison... Et le pétrole.

    There Will Be Blood
    There Will Be Blood
    Sortie : 27 février 2008 | 2h 38min
    De Paul Thomas Anderson
    Avec Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier
    Presse
    4,6
    Spectateurs
    4,1
    Voir sur Paramount+

    Après son formidable Punch Drunk Love (dans lequel, rappelons-le, Adam Sandler trouve l'un des meilleurs rôles de sa carrière), le surdoué Paul Thomas Anderson voulait changer radicalement de registre pour son cinquième film. Alors qu'il habitait à Londres, il découvrit par hasard le livre touffu de Upton Sinclair, Pétrole !, que l'auteur écrivit en 1927.

    Adaptation de ce roman, There Will be Blood sera "un mélange de western et d'horreur" comme le dira plus tard le cinéaste. Si le film comporte effectivement des éléments de ces deux genres, il est avant tout une histoire brutale et effrayante de l'Amérique, des fondations mêmes sur lesquelles le pays a été construit, et de l'hypocrisie de ses nobles intentions autoproclamées. Une Histoire écrite dans la sueur, les larmes, la boue, et le sang.

    On ne redira jamais assez combien Daniel Day Lewis est un immense acteur, le plus grand de sa génération, qui a hélas décidé de prendre sa retraite après un ultime film, Phantom Thread, toujours sous les auspices de Paul Thomas Anderson d'ailleurs. Reconnu pour l'intensité dramatique de ses compositions, très Method Acting, il est à ce jour le seul acteur à avoir remporté trois fois l'Oscar du Meilleur acteur, dont un pour There Will be Blood.

    Miramax

    Livrant une composition absolument phénoménale et électrisante sous les traits de Daniel Plainview, l'acteur participa même étroitement à la création de son personnage : le réalisateur lui a envoyé le scénario alors qu'il n'était complété qu'aux trois quarts. Acceptant tout de suite le rôle, il avait ainsi permis à toute l'équipe de peaufiner le personnage de Daniel Plainview avec l'aide du comédien.

    Selon une anecdote racontée par le New York Times, son jeu, particulièrement intense, perturba l'acteur Kel O'Neill, au point qu'il fut remplacé par le formidable Paul Dano, qui incarne Eli Sunday. Un solide atout pour P.T. Anderson, car Dano avait déjà donné la réplique à ce monstre de la Method Acting trois ans auparavant dans The Ballad of Jack and Rose.

    Contrairement à Plainview, magnat dévoré par l'ambition, strict et souvent violent, Eli Sunday est un prédicateur éloquent, doux et calme. Mais sous cette couche, tapis sous la surface, se cache une ambition qui est pratiquement la même que Plainview; la même cupidité et la même soif de pouvoir qui sont les moteurs de l'existence de Plainview.

    Miramax

    "L'utilisation de sa foi, très ambiguë, est certainement ce qui m'a le plus attiré dans mon personnage" nous confiait Paul Dano, lorsque nous l'avions rencontré pour la sortie du film. "C'est un personnage très rusé et manipulateur. Il utilise sa foi pour gagner du pouvoir, et le danger est de vouloir que la communauté vous vénère, vous, et non Dieu, lorsque vous êtes sur scène en train de prêcher. A la fin du film, on se rend compte de son côté pathétique. On remet en cause sa sincérité. En tant qu'acteur, c'est génial de jouer avec tous ces aspects".

    Baigné par l'extraordinaire photographie signée par Robert Elswit, oscarisé à juste titre pour son travail admirable sur ce film, There Will be Blood est aussi porté par sa musique hypnotique et discordante composée par Jonny Greenwood, qui ne quitte plus le cinéaste. Noir comme l'ébène, cette oeuvre âpre et cruelle est l'un des plus grands films des années 2000.

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