Les femmes, la religion, la psychanalyse, Bergman… À l’occasion de la sortie de "Woody Allen: A documentary", retour sur quelques thèmes fétiches du réalisateur new-yorkais. Un dossier réalisé par Mathilde Degorce
Eternels insatisfaits, les héros alleniens ont toujours ce qu’il faut de névrose. Hystériques, paranoïaques ou psychotiques, les alter egos de Woody explorent jusqu’à plus soif les questions existentielles, intellectuelles et artistiques. De ces interrogations profondes sur le monde qui les entoure, les personnages y répondent par une séance chez le psychanalyste. Qu’il soit juste mentionné ou carrément filmé, le psychanalyste, le temps d’une séance (ou d’une analyse), répond presque toujours présent. Les clients ? Le bobo intellectuel, l’habitant de l’upper east side, le snob grincheux, le névrosé mégalo, l’hypocondriaque grincheux… Ils finissent absolument tous sur le divan ! Et nous de jubiler devant notre écran…
La preuve en quelques films
- Ils y vont
Dans Intérieurs, Renata (Diane Keaton) finit par confier à son psy son passé, sa jeunesse, le rôle de sa mère, sa panne d’inspiration…
Dans Zelig, la psychanalyste a une place clef : grâce à ses entretiens avec Eudora Fletcher (Mia Farrow), Leonard Zelig (Woody Allen) parvient à retrouver son identité.
Dans New York Stories, c’est sur le divan de son psychanalyste que Sheldon Mills (Woody Allen) verbalise pour la toute première fois son désir de voir disparaitre sa mère.
- Ils en parlent
Dans Annie Hall, dès le début du film, Annie (Diane Keaton) se dit déprimée car elle a manqué sa séance chez le psy. Au début de leur relation, c’est Alvy (Woody Allen) qui lui confiait suivre une analyse depuis 15 ans. Ce à quoi elle lui répond que s’il fumait un joint, il n’aurait plus besoin de se faire suivre.
Dans Manhattan, Mary (Diane Keaton) et Isaac (Woody Allen), alors qu’ils viennent tout juste de faire connaissance, parlent ouvertement de leur séance chez le psychanalyste.
Dans Meurtre mystérieux à Manhattan, Larry (Woody Allen) suggère à Carol (Diane Keaton), obsédée par le décès de sa voisine, de retourner voir son psy.
Dans Anything else, la vie et tout le reste, Jerry (Jason Biggs) semble totalement sous l’emprise de son psy, ce qui agace profondément son ami Dobel (Woody Allen).
Dans Vicky Cristina Barcelona, Judy (Patricia Clarkson) fait les mêmes confidences à Vicky (Rebecca Hall) qu’à son psy.
- Ils espionnent
Dans Une Autre femme, Marion (Gena Rowlands) entend au travers d’une bouche d’aération les conversations entre un psychanalyste et sa patiente, Hope (Mia Farrow).
Dans Tout le monde dit I love you, Woody Allen demande à sa fille de lui dévoiler les fantasmes de Von (Julia Roberts), dont il est tombé fou amoureux et qui se confie à sa psy. Psy que sa fille ne se prive pas d’espionner…
Paroles de Woody
"Depuis quinze ans. Je lui donne encore un an, et puis je vais à Lourdes" - Alvy (Woody Allen) dans Annie Hall.
"Mon analyste m'avait prévenu, mais tu étais tellement belle que j'ai changé d'analyste" - Isaac (Woody Allen) à Jill (Meryl Streep), son ex-femme devenue lesbienne dans Manhattan.
"Si je n'avais pas été en analyse, je n'aurai pas réalisé un film par an. Lorsque vous êtes obsédé par tous vos problèmes, inquiet, déprimé, vous n'arrivez pas à vous concentrer [...] Une séance de divan, c'est comme une séance de gym. La psychanalyse a été mon entraineur personnel" - Woody Allen, entretien au Figaro le 12 janvier 2005, repris dans "Woody Allen, portrait d'un antimoderne" de Laurent Dandrieu, CNRS éditions.
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