La sortie en salles des "Âmes vagabondes", c'est une occasion en or de passer en revue le reste de la filmographie d'Andrew Niccol, cinéaste qui s'est vite révélé à l'aise avec le genre de l'anticipation - Dossier réalisé par Maximilien Pierrette
Autant être honnêtes dès le début : si ses films sont connus, le nom et le visage d'Andrew Niccol, eux, le sont nettement moins. Il faut dire aussi qu'on a connu plus prolifique que ce Néo-Zélandais plutôt discret, qui n'a écrit et/ou réalisé que six longs métrages qui n'ont pas vraiment crevé le plafond du box-office, en l'espace de quinze ans.
Andrew Niccol sur le tournage de Lord of War (2006) - © SND
Né le 1er janvier 1964, il ne met pas bien longtemps avant de se passionner pour le cinéma, mais la route pour y arriver sera plus longue que prévu. Après un passage par l'Angleterre, où il se fait la main via des spots de pub, il débarque à Hollywood et marque très vite les esprits grâce au script de The Truman Show, qui attire bon nombre de producteurs, prêts à le laisser mettre le projet en scène. Sauf que Jim Carrey décroche le rôle principal du film, faisant du même coup gonfler le budget, ce qui vaut à Niccol de se faire retirer la caméra des mains, au profit de Peter Weir, à qui une grande partie de la réussite sera attribuée. Mais Andrew Niccol ne s'en laisse pas conter pour autant : alors que le tournage de The Truman Show est repoussé, il en profite pour écrire et réaliser Bienvenue à Gattaca (1998), film d'anticipation qui préfigure les progrès de la génétique.
Ethan Hawke et Uma Thurman dans Bienvenue à Gattaca (1998) - © Collection Christophe L.
Produit pour 36 millions de dollars, Bienvenue à Gattaca n'en rapporte qu'1/3 sur le seul sol américain. Mais le succès critique du film, combiné à la nomination d'Andrew Niccol pour l'Oscar du Meilleur Scénario Original l'année suivante, lui laissent les mains libres pour son projet suivant. Ce sera Simone : encore de l'anticipation, mais sur un mode un peu plus léger, dans lequel il égratigne Hollywood à travers la star virtuelle crée par Al Pacino. Là encore, le succès n'est pas au rendez-vous (à peine 20 millions de dollars de recettes dans le monde), et la critique suit beaucoup moins, mais le réalisateur se remet vite au travail : outre une participation au script du Terminal de Steven Spielberg (2004), il décide de s'ancrer dans le présent, en s'attaquant à la vente d'armes dans le monde.
Nicolas Cage, Andrew Niccol et Ethan Hawke sur le tournage de Lord of War (2006) - © SND
Considéré par beaucoup comme son meilleur film, Lord of War (2006) lui vaut une nouvelle désillusion au box-office américain (moins de 25 millions de dollars de recettes, soit la moitié de son budget), et ne parvient à se rentabiliser qu'avec les chiffres internationaux. Il faut donc attendre cinq ans avant de voir Andrew Niccol revenir aux affaires (et à l'anticipation par la même occasion), avec Time Out, tableau d'un futur où le temps a remplacé l'argent, et dans lequel le scénariste-réalisateur confirme son statut d'obsevateur de son temps, lui qui avait confié au magazine Première, à l'occasion de la sortie de Lord of War, qu'il possédait tout un tas de carnets pour prendre des notes sur ce qui l'entoure, y compris dans sa voiture, présidant au passage qu'il y avait de très grandes chances pour qu'on le retrouve mort au volant de son véhicule encastré dans une glissière de sécurité.
Justin Timberlake, Cillian Murphy, Amanda Seyfried et Andrew Niccol à l'avant-pemière de Time Out (2011) - © Twentieth Century Fox France
Le monsieur ayant notamment anticipé l'explosion de la télé-réalité, on peut espérer que, pour une fois, il se trompe sur ce dernier point. Car, comme nous allons le voir dans les pages suivantes, Andrew Niccol a prouvé, à travers ses films, qu'il savait bien observer notre société, chacune de ses oeuvres ayant des résonnances au moment de sa sortie et quelques années plus tard. Prêts à plonger dans son univers, après avoir (re)jeté un oeil à la bande-annonces des Âmes Vagabondes, son nouveau film adapté du roman homonyme de Stephenie Meyer ?
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