The Tree of Life va enfin sortir sur nos écrans : l'occasion pour nous d'évoquer les aspects saillants de l'oeuvre de Terrence Malick avec Christian Viviani, universitaire et coordinateur de la revue Positif... - Dossier réalisé par Alexis Geng
Ils sont nombreux à avoir sombré en voulant s’attaquer à l’universel, au mythe, et à avoir au final réalisé des films grandiloquents, boursouflés. Comment Malick parvient-il à éviter cela ?
[Il y parvient] parce qu’il est hors mode, parce qu’il est hors du contemporain. Si l’on prend Badlands, pour commencer, c’est un schéma classique utilisé mille fois dans le cinéma américain, celui du couple en fuite. On a un décalage dans le passé puisque le film ne se passe pas à l’époque où il a été tourné ; un très léger décalage, mais qui suffit à nous arracher aux côtés les plus "plan-plan", les plus terre-à-terre qui peuvent parfois alourdir certains discours. Un bon équivalent, ce serait Paul Thomas Anderson : je pense à There Will Be Blood, qui est sans doute l’une des rares œuvres comparables à la démarche de Malick, et qui fonctionne également sur ce décalage. Puis il y a une approche totalement désinhibée de la recherche de la beauté. Malick est quelqu’un qui recherche le Beau, le Beau au sens ancien, celui qu’il pouvait avoir pour les artistes de la Renaissance par exemple ; l’équilibre, entre le ciel et la terre, entre l’ombre et la lumière, entre une couleur et une autre, la grâce de la posture d’un acteur, soit des questions qui pour d’autres cinéastes, plus ancrés dans leur temps, sont très souvent secondaires parce que l’action prime. Certes, ils peuvent être de très bons et brillants cinéastes, mais le fait est là, on constate une intensification du tempo dans le cinéma américain contemporain. C’est tout à fait normal, je ne dis pas cela pour regretter l’époque où l'on prenait plus de temps. Dans l’histoire du cinéma américain il y a des périodes comme cela, qui se caractérisent aussi par la durée des films. Les films des années 1930 étaient très rapides et très courts, puis dans les années 1940-50 on a fait des choses beaucoup plus longues. Aujourd’hui on revient à quelque chose qui est à la fois long et rapide ; on a un montage très rapide, mais des films qui sont beaucoup plus longs qu’ils ne l’étaient. La raison d’être de San Francisco en 1936, c’est le tremblement de terre, lequel est expédié en une minute et demie, éblouissante certes, mais une minute et demie… Aujourd’hui, cela durerait le film entier. On n’imaginerait pas un film portant sur un tremblement de terre qui expédierait la chose en une minute et demie !
Les films de Malick épousent un rythme particulier (notamment ses deux derniers, beaucoup plus longs, sans même parler des versions longues ou des premiers cuts), très différent de cette accélération généralisée, mais ils s’inscrivent donc aussi dans cette tendance à dilater le temps que vous évoquez ?
Oui, je le pense, parce que même Badlands, qui est le plus bref de ses films, est plus court parce que son argument est très simple, qu’il peut être réduit à quelques lignes. Mais si vous isolez certaines scènes, vous vous apercevez qu’effectivement, Malick prend son temps. Certaines scènes sont très longues. C’est particulièrement évident dans La Ligne rouge, un film de guerre qui devrait pétarader à n’en plus finir et qui n’est pas cela, qui s’intéresse à d’autres détails dans les scènes de guerre. Il y a un goût du détail, presque de la nature morte ou de l’exaltation des paysages qui inscrit Malick dans une grande tradition picturale américaine, chose qui n’est pas propre aux cinéastes américains contemporains.
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