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    Pas son genre
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    benoitG80
    benoitG80

    3 338 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 mai 2014
    "Pas son genre" a l'art et la manière de nous charmer, voire de nous ensorceler complètement et ceci rien que par le jeu d'Emilie Dequenne, terriblement présente, authentique et vivante et celui également de Loïc Corbery, lunaire et rêveur !
    Et pourtant ce titre à l'apparence limitée, cache bien son jeu car au delà des deux acteurs et de leur interprétation franchement étonnante, se dissimule un film attachant, profond et d'une intelligence bien trop rare...
    Car cette relation entre deux êtres que tout oppose, qui aurait pu rester basée sur des stéréotypes et y surfer simplement, commence en effet par installer des clichés bien ancrés pour ainsi mieux les dépasser et s'en débarrasser au fur et à mesure de l'histoire...
    C'est ainsi que Jennifer tout en goûtant le bonheur du temps présent en croquant la vie à pleine dent, va déstabiliser Clément en le mettant face aux contradictions de ses certitudes, de son déterminisme de classe et de son éducation, car elle-aussi a son mot à dire sur ce qu'elle ressent face à l'œuvre de Zola, et que reconnaît finalement le prof de philo...
    Car la coiffeuse Jennifer, sait de quoi elle parle et sait ce qu'elle a à dire envers et contre tout, en le faisant d'ailleurs très bien !
    À ce propos, l'écriture des dialogues est d'une recherche et d'une richesse peu courante pour qu'on s'en régale avec un grand plaisir...
    Er de plus, l'étude des sentiments et des attentes respectives de chacun est fort bien démontrée avec tout ce décalage qui les accompagne !
    L'attente du Prince Charmant, du partage et bien sûr de l'Amour pour Émilie et le refus de se prononcer et de s'engager pour Clément qui s'interdit tout projet, par peur, par lâcheté, par crainte de casser son image de marque !
    Que de moments révélateurs d'un malaise, d'une incompréhension totale entre Jennifer qui a soif d'être reconnue et aimée pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle représente, et Clément qui lui s'enferme, se contient et accumule erreur sur erreur...
    Et pourtant l'amour est bien là des deux côtés et ne demande qu'à vibrer chez tous les deux !
    On sourit, on rit, on s'émeut de la naissance de cette liaison dont l'étude est d'une justesse et d'une finesse incroyable tant le caractère, les idées de nos deux amoureux forment apparemment un obstacle, sans en être réellement un sur le fond !
    On suit donc avec bonheur ce couple à travers les difficultés, les doutes, les différences qui les attirent et les séparent à la fois !
    Petit bémol cependant quant à certains jugements de valeur injustifiés, qu'il aurait été judicieux d'éviter comme par exemple, la ville d'Arras et l'auteure Anna Gavalda, bien égratignées et stigmatisées inutilement, alors que d'autres solutions étaient tout à fait envisageables !
    Du très beau cinéma que nous offre là Lucas Belvaux, dont on sort ému et véritablement chamboulé !
    Emilie Dequenne lumineuse et vraie, irradie littéralement !
    pierre72
    pierre72

    126 abonnés 367 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 mai 2014
    Clément , prof de philo parisien, se retrouve nommé à Arras ! La cata ! Comment un intello tel que lui, connaissant Kant et Proust comme sa poche, hantant les soirées branchées de la capitale, va-t-il survivre à cet horrible exil ? C'est simple, son instinct de mâle va le porter à draguer une sympathique et accorte coiffeuse jusqu'à la fourrer dans son lit. Jennifer (prononcez Jennifeur...) est littéralement emballée, amoureuse et un peu étonnée qu'un mec aussi cultivé s'intéresse à elle. Comme la relation s'installe, chacun va découvrir le monde et surtout les goûts de l'autre. Dostoievski, Kant et Giono seront lu par amour par la jeune femme, tandis que le karaoké et un nanar avec Jennifer Aniston (Qui c'est celle là ? ) seront appréciés du bout des lèvres par Clément. La relation dure mais les corps ne suffisent plus à asseoir une relation satisfaisante.
    Après le débat autour de la théorie du genre (mais ici seul le titre pourrait nous y faire penser) et en plein coeur de celui sur la fracture sociale, Lucas Belvaux aborde dans ce film, un thème bien plus insidieux, voire encore plus brutal, la violence de classe et son creuset qu'est la culture.
    On sait bien que toute bonne comédie romantique va essayer d'associer deux personnalités antagonistes dans le secret espoir de les voir s'aimer malgré tout. Le thème de la différence de classe, depuis le prince et la bergère, en passant par "Pretty woman" ou plus près de nous "Mon pire cauchemar", a été souvent exploité. "Pas son genre" en possède au départ tous les codes mais va très vite nous intéresser réellement en déviant un peu de la route habituelle. Tout d'abord, le réalisateur va laisser tomber le rythme soi disant trépidant de la comédie pour prendre son temps à installer la situation. Pendant presque deux heures, il va observer ce couple, sans jugement (les critiques sont réservées à cette pauvre ville d'Arras). Le spectateur aura l'opportunité de s'attacher aux deux amoureux et surement plus à Jennifer, dont le caractère solaire est évidemment plus séduisant que l'air plus ou moins emprunté de Clément. Mais surtout le film fonctionne très bien grâce à ses interprètes. Si Loïc Corbery est parfait en de philo spécialiste de l'amour, plus attaché aux mots qu'aux êtres, Emilie Dequenne est tout simplement époustouflante d'abattage et de charme.
    Un peu plus sur le blog
    Jorik V
    Jorik V

    1 216 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 avril 2014
    Lucas Belvaux est un réalisateur trop méconnu pourtant auteur d’excellents films dont l’inoubliable polar social « La Raison du plus faible ». Observant avec acuité les couches défavorisées il a également mis en scène le magistral triptyque « Un couple épatant » / « Cavale » / « Après la vie » où chacun des segments utilisait les mêmes personnages mais abordait des genres différents. Ici, loin de la comédie romantique que laisse entrevoir l’affiche mais toujours dans une veine sociale, il montre la rencontre amoureuse entre un prof de philosophie de la capitale et une coiffeuse provinciale. Ecart culturel et social sont montrés de façon claire et pertinente même si subsistent quelques clichés de ci de là. Aux antipodes d’un « Pretty Woman » ou de tout autre conte de fées moderne, le fossé pouvant exister entre deux manières de vivre, deux manières d’avoir été éduqué et deux milieux diamétralement opposés est établi de façon judicieuse. On se doute bien que tout cela ne va pas forcément bien finir. Et si le point de vue adopté est davantage celui du professeur (et c’est dommage), la fin laisse entrevoir une conclusion plus ambiguë et intéressante. Emilie Dequenne et le peu connu du grand écran Loïc Corbery semblent nés pour leur rôle et cristallisent merveilleusement bien la fracture naissant peu à peu entre leurs personnages. Sociologiquement passionnant et observé avec finesse malgré une forme somme toute banale.
    tixou0
    tixou0

    647 abonnés 1 977 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 mai 2014
    Enfin un film en français de qualité, le premier pour moi depuis le début de cette année ! "En français", et non pas français, car belge. Lucas Belvaux adapte (un roman de Philippe Vilain datant de 2011 - un spécialiste de l'exploration amoureuse, via l'auto-fiction - présent physiquement dans le film grâce à un caméo en situation), dialogue (un régal que ces dialogues !) et met en scène un petit bijou. Non pas une banale et ronronnante "comédie romantique", comme le cinéma hexagonal en (sur)produit tous les ans, mais une variation brillante, intelligente (sachant utiliser les armes "intellectuelles" avec sens, fluidité, sans jamais tomber dans le pompeux, le verbeux, l'accessoire - mais en faisant mouche à chaque fois, sans en avoir l'air), sensible, emballante, sur le sentiment amoureux. Sujet rebattu, mais illustré ici avec délicatesse et cruauté tout à la fois - comme dans la vraie vie.. Clément (Loïc Corbery), jeune homme bien né, est un prof (de philo) exilé la moitié de la semaine en terre inconnue : Arras, pour l'année scolaire qui débute. Loin de son cher St-Germain-des-Près. Le hasard lui fait rencontrer Jennifer, le temps d'une coupe - elle est salariée dans un salon de coiffure. Séduit par sa joliesse et sa pétulance, Clément trouve rapidement que son séjour arrageois peut se dérouler en milieu moins hostile que redouté. La jeune femme, qui est devenue coiffeuse par goût, est une belle et intelligente personne. Clément est lui un redoutable "indifférent" au genre humain en général, et à la sensibilité des femmes en particulier...
    "Pas son genre" est bien construit, bien filmé, impeccablement monté, admirablement interprété - et dans le cas d'Emilie Dequenne, cela tient de l'incarnation : elle EST Jennifer. Ce film m'a fait penser à une autre histoire de coiffeuse (ou presque - de shampouineuse) amoureuse absolue d'un "intello" (un étudiant de bonne famille) - une histoire belle et triste (et même, là, tragique) : "La Dentellière" du Suisse Goretta en 1976, avec la jeune Isabelle Huppert ("Pomme", la modeste). Belvaux réussit un opus du même niveau d'excellence.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 2 mai 2014
    Pas son genre...Elle est coiffeuse à Arras, élève son petit garçon, adore son boulot, est pétillante, respire la joie de vivre, et s’éclate les weekend avec ses amies dans des karaokés. Il est prof de philo, muté à Arras, vivant cela comme une peine de prison, plutôt coincé de tout, un peu blasé, un peu taciturne. Ces deux là vont se rencontrer et vivre une histoire d’amour, idyllique et chaotique comme toutes les histoires d’amour.
    Ce film m’a déséquilibré ! Les gens dans la salle riaient, je me demandais pourquoi. J’ai trouvé ça plutôt triste, mélancolique malgré l’univers chatoyant de «Jennifer la coiffeuse», et je trouve que ce film ressemble à un Jacques Demy en dépression. Il y a des redondances, quelques longueurs, mais je dois avouer que je ne m’attendais pas à une fin aussi «radicale», et suis sorti de là un peu chamboulé. Cela dit, rappelons que Lucas Belvaux n’est pas le cinéaste des comédies légères...
    Le rayon de soleil de ce film est bien sur Emilie Dequenne, qui mène une carrière discrète et exemplaire. On a envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, de l’aimer sans condition. Elle est parfaite et mériterait même une récompense pour ce rôle. Je recommande...un peu.
    lucilla-
    lucilla-

    58 abonnés 169 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 mai 2014
    C'est d'abord un film extrêmement touchant et émouvant, essentiellement grâce à Emilie Dequenne, qui est extraordinaire de lumière, de générosité,et de tendresse. Une histoire d'amour, une histoire triste
    Tout est résumé dans la chanson du générique de fin "C'était une histoire d'amour" (Piaf)
    C'est un film sur la lâcheté , celle de Clément, qui n'aura pas le courage d'assumer et d'affirmer son amour à la face du monde. Et sur ce point, la différence de milieu pourrait faire place à une différence d'âge, ou de couleur de peau, que l'on aurait la même situation: comment certaines personnes déplaceraient des montagnes par amour, alors que d'autres ne déplaceraient pas même un grain de sable
    Clément aime Jennifer, mais dans une bulle, hors de sa vie parisienne à laquelle il ne sacrifiera rien. L'amour ne représente qu'une partie de sa vie, alors que pour Jennifer, c'est sa vie.
    J'ai trouvé que le film était un superbe portrait de femme, et qu'il maltraitait quelque peu ce prof de philo inapte à vivre ses émotions et à s'engager, et ne sachant que penser sa vie sans la vivre. C'est en fait Jennifer,le prof, et c'est bien Clément,qui n'est "pas son genre". Et comme il est dit à un moment, en effet, il ne la mérite pas.
    J'ai aimé que le film inverse ce qui était attendu et "prévisible", aidé en cela par une Emilie Dequenne rayonnante, qui éclipse littéralement son ectoplasme de philosophe-Loïc Corbery.
    Ce qui finit par l'emporter, ce sont les conventions sociales, si on veut, mais elles ne sont que ce que l'on veut bien qu'elles soient.. Ce qui l'emporte, pour Clément, c'est le regard des autres sur lui, sur son couple, la honte qu'il éprouve à présenter celle qu'il aime, confit qu'il est dans son conformisme et son cocon bourgeois. Très beau film.
    herve p.
    herve p.

    2 abonnés 63 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 mai 2014
    Une belle surprise. Ce film m'a "parlé". Etude sur la différence sociale oui, et sa traduction dans la relation amoureuse. Mais bien plus, il s'agit surtout d'une étude sur l'opposition de la vision du couple, sur la difficulté de sortir de ses "croyances" et au final sur la difficulté de changer et de donner. En ce sens, le rôle tenu par Loïc Corbery est très fort et il resplendit dans sa difficulté d'être, dans son exigence, dans son désespoir même. Le film se termine d'ailleurs comme il a commencé...Dans un éternel "jour sans fin" peut-être...
    Une belle méditation donc, rehaussée par un jeu d'acteur en tout point remarquable. La photo est correcte, le scénario tout à fait crédible, la bande son quelconque, hormis ce dernier karaoké qui prend aux tripes tant l'opposition entre les paroles, la musique, et la situation vécue par la chanteuse est monstrueuse.
    Un film délicat, pessimiste, mais indispensable dans son propos.
    alain-92
    alain-92

    308 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 mai 2014
    Voilà un film étonnant. Rien à voir avec une comédie qui vous fera rire aux larmes. Juste sourire à plusieurs reprises avec, entre autres, plusieurs scènes de karaokés, ou certaines allusions aux "stars" cent pour cent people.

    À ce côté paillettes va se heurter le monde d'Emmanuel Kant et sa pensée philosophique.

    C'est à la fois profond, douloureux aussi, mais avec des moments de légèreté savamment maîtrisés. La mise en scène est d'une belle élégance. Le scénario parfaitement écrit et les dialogues subtils servent grandement l'intérêt du film.

    "À partir du moment où on juge un personnage, on le tue." a déclaré Lucas Belvaux. Point de jugement ici. Juste le poids des mots, de la pensée aussi, qui deviennent chez certains un barrage pour laisser passer les sentiments.

    Une histoire d'amour magnifiquement interprétée par deux comédiens, jeunes et beaux, qui tiennent en haleine du début à la fin du film. Et quelle fin !

    Je ne connaissais pas Loïc Corbery. Une grande et belle découverte. À ses cotés la lumineuse Émilie Dequenne déploie toutes les facettes de son talent.

    Elle illumine le film de bout en bout.
    lara cr28
    lara cr28

    68 abonnés 123 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 mai 2014
    L’histoire d’un jeune parisien cultivé qui rencontre une coiffeuse de province. On suit le parcours sentimental de ce couple dans lequel la jeune femme va tout donner avec une générosité sans bornes alors qu’on ne parviendra jamais à savoir ce que lui ressent. Le sait-il d’ailleurs lui-même ? Une fausse comédie sur les relations dans un couple inégal ou quand l’histoire de Clément, jeune homme bourgeois insipide s’efface face à celle de Jennifer, personnage entier, charnel, touchant et vrai, interprété brillamment par Emilie Dequenne qui crève l’écran.
    islander29
    islander29

    785 abonnés 2 288 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 mai 2014
    Le film commence par une fulgurance descriptive, Arras c'est la province, en deux plans séquences, la province on y parle du temps qu'il fait (le salon de coiffure) et la nuit on est ivre ou saoul (Scène de rue)....
    Le décor est posé....les personnages arrivent, lui professeur de philosophie, au moins agrégé, écrivain , elle (Emilie Dequenne), coiffeuse heureuse de vivre.....
    On est pas franchement dans la comédie (on est plutôt dans l'absurde de Samuel Beckett ou Sartre) et les dialogues sont riches et concrets, les sentiments aussi....
    c'est la juxtaposition de deux univers qu'on devine incompatibles......
    Et pourtant ils s'aiment chacun avec sa sensibilité, ses convictions, on est pas obligé d'y croire, cet amour est il le fruit de la solitude, du hasard ?
    L'amour, un sujet de réflexion proposé aux spectateurs....Le fossé est immense, chacun offre les livres auxquels il ou elle croit.....On a envie d'y croire aussi, mais la réalité est toute autre, celle du spectateur comme celle des personnages du film....
    C'est filmé sobrement, on remarquera seulement un très beau panoramique sur une plage, les sentiments nous accaparent, c'est presque angoissant, la musique est sentimentale, une superbe scène de karaoke ponctue de mille lumières la sensibilité du film.....Je ne peux que confesser que c'est le film (pas le plus beau) mais celui qui m'a fait verser le plus de larmes cette année, où est la vérité dans l'amour ?...Le film n'offre hélas pas de réponse....A voir absolument......
    Akamaru
    Akamaru

    2 855 abonnés 4 339 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 28 octobre 2014
    Après ses drames sociaux aux accents de thriller avec Yvan Attal,Lucas Belvaux change complètement de registre avec cette comédie romantique hors des sentiers battus. En effet," Pas son genre" ne s'intéresse pas à la formation du couple,mais à son existence impossible,barrée par des écarts socio-culturels béants,que le sexe seul ne peut combler. Un discours profondément pessimiste et déterministe,apporté toutefois avec la subtilité nécessaire,notamment dans les silences révélateurs,ou dans les efforts besogneux que l'homme et la femme fournissent,pour se rapprocher vainement l'un de l'autre. Le regard de Belvaux comprend mieux le prof de philosophie élitiste,qui vit comme une expérience ethnologique son année à Arras que la coiffeuse faussement écervelée éprise de karaoké et de grands sentiments. Et pourtant,c'est bel et bien Émilie Dequenne qui crève l'écran. Dans un rôle proche d'elle:vivante,vibrante,spontanée,optimiste... elle a toute notre empathie. Au-delà des clichés vivaces,cette étude de caractères laisse groggy par son réalisme.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 7 mai 2014
    Je ne sais pas ce qui a pris à Télérama, les Inrocks et une de mes amis qui ont trouvé de grandes qualités à ce film car c'est un NAVET !
    Le sujet, a priori, peut-être intéressant : un prof de philo et une coiffeuse peuvent-ils s'aimer ? mais enfin, ça casse pas non plus trois pattes à un canard et ça peut-être traité par toute bonne comédie romantique américaine légère. (oui car le genre léger, comme le vaudeville, n'est pas dénuée de philosophie - ce n'est pas car on rit que c'est con) - mais que trouve t-on dans le film ? une collection de clichés tous plus gros les uns que les autres ! Une sorte de revisite de Bienvenue chez les chtis en moins drôle (film que je n'ai déjà pas aimé) qui se donne des airs de profondeur.
    Et étant une prof qui habite à Paris et qui bosse par Arras, je connais le sujet. Les personnages sont monolithiques au possible, sans nuances et ne bougeront pas d'un poil tout le film : le prof de philo est le cliché du prof de philo tout comme Paris, la ville qui lui est associée: arrogant, distingué - d'ailleurs à Paris, forcément, on fait des soirées culturelles branchouilles au champagne et on a un appart géant avec 15 mètres carré de bureau / la coiffeuse est associée à la Province (!) où on peut se payer 3 nuits d'hôtel chic par semaine avec un salaire de prof et où les collègues viennent nous accueillir au train (ben oui, on leur fait déjà l'honneur de poser le pied dans leur contrée alors qu'on est parisien !). Le must, ce sont les mecs bourrés qui chanteraient tous les soirs "Viens mon chti quinquin" sur la grand place : rien qu'avec cette scène, le film se met tout le Pas de Calais à dos.
    Bon, mais la caricature n'est pas le problème principal. Le raté cinématographique vient du fait qu'il n'y a pas de cinéma au sens que la caméra n'arrive jamais à nous faire croire un dixième de seconde au fait que ces deux là seraient amoureux : cela reste un postulat de base, une idée qu'on devrait accepter, alors qu'aucun plan ne vient nous faire ressentir de l'amour. On n'y croit tout simplement pas ! Le prof de la philo se tape la coiffeuse mais on ne sait pas pourquoi : elle n'est jamais filmée de manière sensible, avec le point de vue du prof. On laisse le spectateur se démerder et accepter l'idée, l'imaginer, sans jamais se donner les moyens de nous y faire croire ou de nous faire ressentir quoi que ce soit.
    D'ailleurs, l'abondance de texte du personnage de la coiffeuse (on a envie de tirer un coup de feu dans les enceintes pour la faire taire) montre à la fois l'incapacité de nous faire sentir visuellement de l'émotion et nous amène à nous dire : non vraiment c'est pas possible de subir une telle logorrhée et d'être amoureux - (tout comme on ne croit pas que la coiffeuse trippe à mort sur les scènes de lecture de Proust... bien qu'on y ait droit au moins 4 fois dans le film, pas car ce n'est pas possible mais car la caméra ne nous y fait pas croire)
    Deux exceptions pour être honnête : la scène où la coiffeuse en boîte essaie de faire danser le prof de philo fonctionne tout comme celle où elle essaye de lui faire ouvrir les yeux pendant l'amour (ce qui ne parvient pas à nous faire oublier que la première scène de "cul" (on n'en voit pas) du film peut entrer en compétition avec les pires scènes de cul du cinéma mondial.
    La fin est juste improbable : spoiler: que la coiffeuse quitte sa ville, son boulot, ses amis pour fuir un mec qui n'habite pas là
    n'a aucun sens et on n'y croit pas, comme à tout ce qui a précédé...
    Caine78
    Caine78

    6 155 abonnés 7 396 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 février 2015
    En sortant de la salle, j'avais apprécié le film, sans être transcendé. Et puis, plus les jours et les semaines passent, plus je me rends compte l'effet qu'à pu me faire « Pas son genre ». Lucas Belvaux a beau changer de registre, il n'a rien perdu de son talent pour nous offrir des personnages marquants, des situations fortes, et surtout une très belle et émouvante histoire d'amour, où tout sonne juste quasiment à chaque instant. C'est profond, subtil, délicat, et il me revient encore aujourd'hui régulièrement de nombreuses scènes de l'œuvre, démontrant à quel point celle-ci a su trouver des résonances en moi, et ce pratiquement à chaque question abordée. Il faut dire que si Clément est un joli héros joué avec talent par Loïc Corbery, l'une des très grandes réussites du film s'appelle Emilie Dequenne. Splendide, radieuse voire bouleversante : elle est le soleil de ce film déjà remarquable, aucun homme ne pouvant résister devant autant de charme et de sensibilité spoiler: (il faut la voir chanter « I Will Survive » dans uns scène-clé pour comprendre les ravages causés sur la gente masculine
    ). C'est assurément l'une des plus belles œuvres de 2014, de celles qui vous marquent durablement : j'adore, tout simplement.
    Pauline_R
    Pauline_R

    172 abonnés 398 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 avril 2014
    Un beau film, emmené par deux superbes acteurs,que sont Emilie Dequenne, solaire et touchante, et Loic Corbery, intriguant et très juste. Le film questionne, est toujours prenant et souvent drôle, avec des dialogues très bien écrits tout en restant accessibles. Les stéréotypes de la coiffeuse provinciale et de l'intello sont certes appuyés mais cela ne nuit pas à la mise en scène ni à la crédibilité des personnages dont on ne peut deviner les actions/réactions. Une jolie surprise.
    Norgaard
    Norgaard

    14 abonnés 58 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 2 mai 2014
    Fable de l’amour impossible, Pas son genre hésite longtemps entre beaucoup de choses, maladroitement coincé quelque part entre La vie d’Adèle, pour la lutte de classes, et Bienvenue chez les Ch’tis, pour la farce provinciale. Visiblement mal à l’aise avec son sujet, qui est pourtant la principale force de son film, Lucas Belvaux semble longtemps faire étrangement tout pour ne pas être pris au sérieux, au risque d’un flou artistique à peu près total. S’il n’y réussit heureusement pas complètement, cela ne suffit pas à vraiment sauver un film qui ne fait rien pour être aimé.

    Si Pas son genre ne mérite sans doute pas d’être excessivement encensé ou démoli, peu de films m’ont au final laissé aussi perplexe une fois le clap de fin tombé. Au-delà de sa qualité intrinsèque, loin d’être exceptionnelle, il me semble en effet que le dernier film de Lucas Belvaux est l’exemple parfait d’un quiproquo artistique total, dialogue raté entre l’auteur et son public. Explications.

    Pendant une bonne heure, Pas son genre semble être un film d’une stupidité presque totale, caricature à peu près complète du bon peuple et de la province. Flirtant sans cesse avec un mépris social assez insupportable, notamment grâce à l’interprétation quasi grotesque d’une Émilie Dequenne qui nous a pourtant habitués à mieux question crédibilité, le film de Lucas Belvaux débite tous les clichés possibles et imaginables sur le petit peuple de province, forcément naïf et sympathique, et le parisien type, forcément hautain et spirituel. Dans cet exercice de style franchement affligeant, étant en plus mis en scène avec autant de doigté qu’un épisode de Joséphine ange gardien, tout semble alors prêter à sourire et les signaux sont au vert pour pouvoir gentiment se foutre de la gueule de cette pauvre gourde d’Émilie Dequenne, bien gentille mais un peu coconne, et la salle ne s’en prive alors pas (bah oui puisque qu’à Paris on est du bon côté de la farce…). Malaise de mon côté, mais certains ont alors l’air de beaucoup s’amuser. C’est vrai que c’est marrant de tirer sur des ambulances.

    Et c’est là que Lucas Belvaux perd à mon sens ses spectateurs, qui l’ont certes bien mérité parce que le panneau est franchement gros, et se perd finalement en partie avec son film. Car Lucas Belvaux n’a bien sûr pas voulu seulement réaliser qu’une farce de boulevards sur les amourettes provinciales d’un jeune et brillant philosophe parisien (difficile au passage pour les « provinciaux » de ne pas encore plus détester Paris avec des films de ce genre), et le tournant dramatique arrive finalement quand on ne l’attend presque plus, gavé de scènes plus pénibles les unes que les autres. Et là plus personne ne dit rien dans la salle, parce qu’on s’est bien foutu de la gueule de cette pauvre petite et on se rend maintenant compte qu’on ne vaut pas mieux que ce cher philosophe. Magie du cinéma, qui n’est finalement qu’un grand miroir.

    Si les choses ne s’arrangent pas complètement, le regard de Lucas Belvaux sur son héroïne restant très condescendant, ce ton résolument dramatique donne à son film un peu de la profondeur qu’il fuyait jusque-là désespéramment. En mettant régulièrement en scène le malaise social s’installant entre les deux amants, il offre également la possibilité à Émilie Dequenne d’enfin sortir de la caricature dans laquelle elle était enfermée pour entrer dans un registre de la détresse qu’elle maîtrise au contraire sur le bout des doigts, ce qui permet en grande partie au film d’échapper au complet raté vers lequel il semblait se diriger. Si tout cela reste précaire et que cette dernière partie n’a rien non plus d’un chef d’œuvre, ce retournement de style a au moins le mérite de rétablir l’équilibre entre ses deux héros, et surtout de réhabiliter son héroïne durement traitée jusque-là.

    Il ne répond en revanche pas à la question de savoir si Lucas Belvaux a intentionnellement massacré la première partie de son film juste pour que le style colle au caractère de son héroïne, alors dépeinte comme la dernière des idiotes. Que ce soit volontaire ou pas, Pas son genre nous laisse donc au final avec cet étrange paradoxe : bien que très largement raté, il n’en est pas moins un véritable objet de réflexion, et ça n’est déjà pas si mal. Reste toutefois l’impression d’une forme de gâchis, et d’avoir raté quelque chose de plus beau et de plus grand. Tant pis.
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