Brigade des moeurs

Pas un film pour tout le monde. Mais une petite curiosité sympathique. Et pas si nulle qu'il n'y parait. L'eurosploitation française dans un joli baroud d'honneur. Mené par un cador d'une de ses nombreuses ramifications, pourtant plus habitué à la comédie légère et coquine. Une eurosploitation à son sommet de noirceur, de crudité, de violence et d'ambition esthétique, qui lâche le budget dans un polar inattendu, aussi poisseux que documentaire. Et si le film a bien une petite signature nanardesque à la Pécas, il n'en demeure pas moins bourré de cachet et de caractère. Pas mal d'action. Un peu de gore et de sadisme. Une bonne touche d'écriture roman de gare, pour les personnages et les intrigues, tous et toutes digne de l'age d'or français du porno 70s. Et beaucoup de séquence magique d'un fascinant Paris interlope, aujourd'hui disparu et totalement fantasmé. Max Pécas. Le pape de la comédie navrante à la française, vous salut bien bas avant sa retraite, avec un film viscéral, noir et stylé. Une œuvre strictement sérieuse et nihiliste. Une œuvre technique et pleine d’effort artistique, inhabituel pour ce réalisateur. Une dernière tentative pour faire taire les moqueurs, qui l'appelle le roi du navet, oubliant que dans les années soixante, il était considéré comme un rebelle, et un véritable auteur prometteur. Un film remplie de second couteaux jadis célèbre, maintenant presque oublié. De vieux pote et de compagnon de route de la marginalité, venu faire amicalement le guest en toute convivialité familiale, une dernière fois avant la dernière grande démarque de la fermeture définitive. Au premier degrés, le film n'est certes pas terrible. Et bourré de ces défauts classiques des productions faiché de cette période. C'est clairement pas du Scorsese ou du Friedkin, même si ça veut jouer sur ce registre. Pourtant, le film se laisse voir sans déplaisir, ni regarder constamment sa montre. Mais alors, au second degrés, c'est un film généreux, rythmé, gentiment sulfureux, et terriblement attachant, qui, de par son cadre, son grain et son époque, fera tirer une petite larme de nostalgie, à tout ceux qui vécu cette époque lointaine, où Brigitte Lahaie était encore très souvent, le sujet de discussion fiévreuse, chez les lycéens pubère et plein d'hormone. Bref, si vous êtes amateur de Bis modéré et archéologique, ce film d'apéritif est pour vous.