Si "Past lifes" est le mélo romantique de Noël, Winter break en est le pendant en comédie dramatique. Deux contes de Noël selon ses goûts, mais avec à chaque fois la caractérisation des personnages qui prime sur le reste. Un film où on boit autant ne peut pas être antipathique (
même si le jeune garçon de 17 ans ne parviendra jamais à ingurgiter une goutte d'alcool, même flambé, pas plus qu'il ne libèrera ses hormones en folie
). Angus (Dominic Sessa, dont c'est le premier film, remarquable), coincé dans son lycée pour les vacances de fin d'année, est assez mignon, sans être non plus trop beau, contrairement au blond sculptural que le père vient chercher en hélicoptère au début du film. Paul Gemiatti en professeur autoritaire, cuistre, attaché aux traditions de ce lycée cossu, solitaire indécrottable, est crédible de bout en bout grâce à son physique de radio (
et son odeur désagréable, qui pourtant ne se sent pas à l'écran, hé bien on la voit
). Da'Vine Joy Randolph excelle en mère éplorée, nous la voyons vivre comme si elle existait à nos côtés ; sa présence maternante et abattue fait un bien fou
("Il est mort" répète-t-elle au milieu du film, alors qu'elle sait qu'elle a perdu son fils unique à la guerre du Vietnam, et que nous le savons aussi depuis le début : magnifique scène de deuil qui ne passe pas, qui ne passe jamais
). Ce trio fonctionne à merveille. Alexander Payne choisit les tons sépias, des faux grésillements et une bande son pop rock comme si le film était sorti au début des années 1970, en hommage direct à cette période clef pour le cinéma indépendant américain. Il y fait froid, sauf dans les coeurs. Difficile de ne pas verser une larme et de ne pas rire aux répliques qui font mouche (car cela vanne pas mal, dans un esprit de teen movie de campus à l'américaine). Tout le monde apprend sur soi et les autres - l'enseignant n'est pas toujours celui qu'on croit, ils le sont tour à tour -
de cette tranche de vie, ils sortiront tous changés et marqués à jamais
. La bonne surprise de décembre.